
TCC et relations toxiques : pourquoi cette thérapie est-elle si efficace ?
July 1, 2025
Limérence et Manipulateurs : La Tempête Parfaite
July 14, 2025Quand Émilie dit : « Docteur, je pense à lui 18 heures par jour, c’est normal quand on est amoureuse, non ? »
Il faut le savoir :
Non, ce n’est pas normal.
Ce qu’Émilie vit s’appelle la limérence.
C’est un phénomène qui explose littéralement ces dernières années, mais dont personne ne parle vraiment.
Entre ceux qui romantisent ça en parlant de “coup de foudre”, d’autres qui dramatisent avec “la dépendance affective”, et les gourous spirituels qui vous vendent des “connexions d’âmes sœurs ou de flammes jumelles” à tout bout de champs…
Tout le monde mélange tout.
En cherchant un peu, on se rend compte que les choses sont pourtant bien plus simples et malheureusement, bien plus graves qu’on ne le pense.
Ce que la limérence n’est PAS (et pourquoi c’est dangereux)
Commençons par casser quelques idées reçues, parce que c’est là que tout se complique.
Quand une personne dit : “C’est de l’amour passionnel, c’est normal d’être obsédé”… Il faut le savoir : C’est faux !
La limérence n’est pas de la passion amoureuse.
La passion peut être intense sans être obsessionnelle.
La limérence, elle, est une “pensée incontrôlable, répétitive” qui envahit TOUS les pans de votre vie.
Quand une personne dit : “Si tu penses autant à quelqu’un, c’est que c’est ton âme sœur, c’est un lien d’âme”
Il faut le savoir :
C’est dangereux car cela vient conforter la personne et lui permet de normaliser quelque chose d’anormal.
L’obsession révèle un manque de sécurité dans la relation, pas une connexion profonde.
C’est même l’inverse : plus vous êtes obsédé, plus vous êtes insécure.
En d’autres termes : La limérence est un trouble psychologique proche du TOC (Trouble Obsessionnel Compulsif), pas un signe d’amour véritable.
La limérence selon Dorothy Tenov : définition scientifique réelle
Voici ce qui se passe vraiment : En 1979, la psychologue américaine Dorothy Tenov a décrit pour la première fois ce phénomène dans son ouvrage “Love and Limerence”.
La limérence est un état psychologique inconscient, proche du Trouble Obsessionnel Compulsif, également appelée “maladie de l’amour”. Elle présente de fortes similitudes avec l’addiction.
C’est un envahissement total de la pensée qui monopolise tous les aspects de votre existence. Véronique Kohn, psychologue spécialiste de la relation amoureuse, le décrit comme “une perte de contrôle face au sentiment amoureux qui monopolise tous les pans de notre vie”.
C’est comme une “hypnose permanente” : impossible de s’empêcher de mettre cet amour au centre, comme pour se rassurer. Ce désordre psychologique peut durer très longtemps, même après une rupture.
Dit plus simplement : La limérence transforme le sentiment amoureux en véritable obsession pathologique.
Voyons les 5 traits caractéristiques de la limérence
C’est en 1979, la psychologue américaine Dorothy Tennov a non seulement inventé le terme “limérence” dans son ouvrage “Love and Limerence”, mais elle a aussi identifié 5 traits précis qui distinguent ce phénomène de la passion amoureuse normale.
Elle a créé ce terme après avoir interviewé plus de 500 personnes sur leurs expériences amoureuses.
Elle s’est rendu compte que certaines vivaient quelque chose de complètement différent de l’amour “classique”.
Quelque chose d’obsessionnel et d’envahissant qu’aucun mot n’arrivait à décrire correctement.
1. Des pensées intrusives et répétitives
Obnubilé par l’être aimé, vous ressassez constamment des scénarios à son propos.
Vous élaborez des scénarios idylliques irréalistes, des “promesses de bonheur”.
Quand l’autre vous échappe, les pensées deviennent négatives et critiques.
Vos émotions sont si exacerbées que vous en venez à vous oublier vous-même.
2. Des émotions intenses disproportionnées
Quand les sentiments semblent partagés, c’est l’euphorie extrême.
En cas de déception ou de non-réciprocité, c’est le désespoir intense.
C’est ici que certains parlent de “nuit noire de l’âme”.
Terme “spirituel” utilisé pour décrire ce type de ressenti.
Vous vivez de véritables montagnes russes émotionnelles entre joie extrême et chagrin profond.
3. Un désir de réciprocité obsessionnel
Le désir d’affection mutuelle et de fusion pousse à vouloir être constamment rassuré. Le manque et l’attente sont vécus difficilement, avec une peur permanente de perdre l’objet d’amour qui domine.
Il faut le savoir : Le désir est tellement fort qu’on va jusqu’à imaginer que l’autre nous aime mais qu’il ne peut pas nous rejoindre pour X ou Y raison. On interprète tout signe qui tendrait à montrer qu’on a raison.
C’est là qu’intervient le biais de confirmation : vous cherchez obsessionnellement des informations qui confirment vos croyances romantiques et ignorez ou discréditez systématiquement les signaux de désintérêt. Vous rejouez et analysez chaque interaction avec cette personne pour chercher des signes qu’elle a des sentiments pour vous.
Voici ce qui se passe concrètement :
- Vous créez des excuses pour expliquer pourquoi l’autre ne peut pas répondre à vos sentiments
(“il/elle est timide”, “il/elle a peur de s’engager”, “le timing n’est pas bon”) - Vous réinterprétez les signaux neutres comme positifs (un sourire poli devient une “connexion spéciale”)
- Vous ignorez les signaux de désintérêt évidents ou les minimisez
- Vous développez des théories complexes sur les “vraies” intentions de l’autre
En d’autres termes : Votre cerveau devient un détective partial qui ne retient que les “preuves” qui confirment votre théorie romantique, tout en pratiquant un déni systématique de la réalité.
Et c’est d’autant plus dangereux si vous tombez sur une personne qui “surfe” sur votre désir comme un opportuniste émotionnel.
La personne en état de limérence devient une proie parfaite pour la manipulation.
4. Une idéalisation ou dévalorisation extrême
L’autre est vu comme un être parfait, au-dessus de toute critique.
Aucun défaut ne peut venir ternir cette vision de l’amour idéal.
Au-delà de la personne aimée, c’est l’objectif d’amour parfait vers lequel vous tendez.
L’autre peut aussi être “dés-idéalisé” : dans ce cas, il devient le bourreau, blâmé et responsable de tous vos maux.
5. Un désir de proximité compulsif
Quand vous êtes auprès de l’autre, les peurs s’apaisent.
La présence de l’autre est un soulagement, elle met fin temporairement à la tourmente émotionnelle et sécurise.
Face à la possibilité de perdre l’attention ou l’affection de cette personne, vous pouvez être plongé dans une grande angoisse d’abandon.
Pour résumer cette partie : Si vous cochez ces 5 cases, vous n’êtes pas “très amoureux”.
Vous êtes en état de limérence.
D’où vient la limérence : les vraies causes psychologiques
Les déclencheurs : pas besoin d’une “vraie” relation
Dorothy Tennov note que “la limérence manque souvent d’un point de départ discernable”.
Vous pouvez développer une limérence après une seule rencontre, un simple croisement de regards, ou même sans aucune interaction directe.
Vous pouvez faire l’expérience de la limérence pour :
- Une personne rencontrée une seule fois dans un contexte marquant.
- Une célébrité ou personnalité publique découverte sur les réseaux.
- Quelqu’un aperçu brièvement mais qui a laissé une “impression durable”.
- Une personne avec qui vous n’avez eu aucune interaction réelle.
La limérence ne nécessite pas d’attraction sexuelle, mais la personne doit être quelqu’un avec qui vous pourriez au moins vous imaginer dans une relation.
Ce qui compte vraiment, c’est l’incertitude sur la réciprocité des sentiments et la possibilité d’imaginer une connexion.
Dérives spirituelles new age : quand on romantise la limérence
C’est à ce moment-là que pour expliquer ce phénomène de “cliquer” avec une personne par un simple échange de regards et le constat des ressentis intérieurs, on va alors parler de “lien d’âme”, comme si une connexion mystique s’était établie entre l’autre et nous.
Il faut le savoir : C’est ainsi qu’on parle de “runner” ou “chaser” (par exemple pour les flammes jumelles), alors que dans ces cas précis, aucune interaction ou très peu d’interaction existe réellement.
Il est facile de partir rapidement dans des explications “spirituelles” quand finalement les causes sont bien plus concrètes que cela. Votre cerveau ne fait pas de la magie – il fait de la neurochimie dysfonctionnelle.
En d’autres termes : Quand vous ressentez cette “connexion d’âme” instantanée, vous ne vivez pas un éveil spirituel. Vous vivez un déclenchement de limérence basé sur vos blessures d’attachement non résolues.
Les causes psychologiques profondes
Le plus souvent, elle renvoie à des traumatismes psycho-affectifs qui se sont joués dans l’enfance : deuil, abandon, blessures d’attachement non résolues. Elle traduit de nombreuses peurs, en particulier la peur du rejet et de l’abandon, mais aussi la peur de perte de contrôle.
La limérence est un mode de fonctionnement qui montre que la personne obsédée est insécure et n’arrive pas à se détacher de son partenaire. Elle peut se répéter de relation en relation, créant un schéma de dépendance affective chronique.
La vraie différence, c’est que la limérence n’est pas un problème d’amour, mais un problème de sécurité intérieure non résolue.
Impact destructeur sur les relations : ce qui se passe concrètement
Il faut le savoir : La limérence détruit les relations, même quand l’amour est réciproque.
Parce qu’il n’est pas possible d’avoir accès aux pensées de l’autre, la peur entraîne une incertitude et une anxiété permanente par rapport à la relation. Plus vous êtes obsédé par l’autre, plus vous êtes dépendant et donc insécure au fond de vous.
L’étau se resserre alors autour de l’autre, dont vous pensez qu’il est le seul à pouvoir vous rassurer. Que vous soyez ou non en couple avec lui, vous pensez que c’est la seule personne au monde qui peut vous combler.
Lorsque l’autre n’est pas à la hauteur de ces attentes, colère et frustration sont au rendez-vous. Chaque comportement, chaque réaction est analysé, surinterprété et le moindre détail prend des proportions démesurées.
Reproches, attaques et agressions verbales peuvent ainsi générer des dysfonctionnements dans le couple et le fragiliser. Il peut aussi s’établir un rapport dominance/soumission (vous vous adaptez aux comportements de l’autre de peur de le perdre) tout aussi délétère.
Le pire, c’est que plus vous êtes obsédé, plus vous devenez dépendant et insécure. C’est un cercle vicieux qui peut mener au chagrin chronique, à la déprime, voire à la dépression en cas de non-réciprocité.
Comment s’en sortir : les 8 stratégies validées
Finalement : Il est possible de sortir de la limérence, mais cela demande du temps, de la réflexion et des efforts concrets.
1. Reconnaissance et acceptation
Concentrez-vous sur une chose : Admettez que le problème vient de vous, pas de l’autre. La première chose à faire est de reconnaître l’existence de ce désordre émotionnel, d’éviter de juger ce ressenti et de faire preuve d’autocompassion envers vous-même.
2. Comprendre ce qui s’est joué avant
Être au clair avec ce qui s’est joué avant : quels sont les schémas répétitifs qui vous ont amené à développer ce trouble obsessionnel ? Soigner vos blessures d’enfance est important pour ne pas faire peser sur l’autre des attentes qui ne le concernent pas.
3. Identifier ce qui se joue aujourd’hui
Essayez de comprendre quelles sont les motivations sous-jacentes de ce comportement. Est-ce lié à des besoins émotionnels non satisfaits ou à des expériences passées ? Une prise de conscience de ces facteurs peut vous aider à traiter les causes profondes.
4. Prendre de la distance
Éloignez-vous un peu de l’être aimé, limitez les interactions et portez moins d’attention à la relation. Cela permettra de réduire les déclencheurs émotionnels et vous donnera le temps et l’espace nécessaires pour guérir.
5. Ne pas laisser votre imagination s’emballer
Évitez de bâtir des fantasmes ou scénarios irréels, qui conduisent à des interprétations erronées des sentiments de l’être aimé. Ramenez autant que possible vos pensées vers des faits concrets et réalistes.
6. Retrouver de l’autonomie
Consacrez-vous du temps et de l’énergie, recentrez-vous sur vous-même. Renouez avec des activités qui vous rendent heureux, renforcez votre estime de vous-même et cultivez vos propres intérêts. Cette focalisation sur vous-même vous permettra de porter moins d’attentes sur la relation.
7. Élargir votre cercle social
Rencontrez de nouvelles personnes, créez de nouvelles amitiés. Ces différentes sources de soutien émotionnel peuvent vous aider lors de passages difficiles et vous sortir de l’isolement que favorise la limérence.
8. Pratiquer la méditation de pleine conscience
Cette pratique permet de rester ancré dans le moment présent plutôt que de se laisser emporter par ses pensées obsessionnelles. Soyez patient avec vous-même : sortir de ce schéma obsessionnel ne se fait pas du jour au lendemain. Vos sentiments s’estomperont progressivement à mesure que vous vous engagez dans ce processus de guérison.
Quand consulter : signaux d’alarme à ne pas ignorer
Vous pouvez demander du soutien à vos amis ou votre famille, mais si cet état émotionnel est particulièrement envahissant, s’il dure trop et a un lourd impact sur votre quotidien, il est important de consulter un thérapeute.
Voici ce qui doit vous alerter : plus rien d’autre (famille, travail, relations sociales) n’a de place dans votre vie, vous souffrez énormément de cette situation et vous sentez que vous perdez pied.
Un thérapeute peut vous aider à mieux comprendre vos émotions et à développer des stratégies pour y faire face. Ne négligez pas non plus l’aide des lectures sur la dépendance affective, des vidéos ou visioconférences sur le sujet, ainsi que celle des groupes de parole.
Vous n’êtes pas seul à fonctionner ainsi ! Entrer en résonance avec les autres aide à mettre en place de nouvelles pistes et à avancer.
Et c’est en cela que demander de l’aide n’est pas un échec, mais un acte de courage.
Au final : La limérence n’est pas de l’amour
Dit plus simplement : La limérence peut ressembler à de l’amour passionnel, mais c’est en réalité son opposé toxique.
Il est important de noter que la limérence est différente de l’amour véritable ou d’une relation amoureuse saine. Bien que la limérence puisse être une expérience puissante, elle ne conduit jamais à un partenariat stable et épanouissant.
La vraie question n’est pas : “Comment faire pour que cette personne m’aime autant que je l’aime ?”
La vraie question c’est : “Comment puis-je retrouver ma sécurité intérieure pour aimer sainement ?”
Sortir de ce schéma dysfonctionnel est nécessaire, non seulement pour votre santé émotionnelle, mais aussi pour vous donner la possibilité de connaître des relations équilibrées à l’avenir.
Concentrez-vous sur une chose : Utilisez cette prise de conscience comme un déclic vers votre liberté affective. Parce qu’au final, guérir de la limérence, ce n’est pas perdre l’amour. C’est retrouver la capacité d’aimer vraiment – en commençant par vous-même.
Tous les articles sur la limerence ici.
Si vous vivez actuellement une limérence destructrice et que vous souhaitez un accompagnement pour vous en libérer définitivement, découvrez comment le programme “Cendres à Renaissance” peut vous aider à transformer cette obsession en liberté affective.